En Juin 2012 nous avions demandé à Anais Berno d’être la rédactrice en chef de la Newsletter d’Expectra sur la thématique « Les Series au bureau ».
Un mois auparavant elle foulait, pour la première fois, le mythique tapis rouge du 65ème Fesitval de Cannes.
A quelques jours de l’ouverture du 66ème festival (15 mai), nous lui avons demandé de revenir sur cette première fois inoubliable… En tant que blogueuse cinéma, quel regard porte t-elle sur cette machine à rêve ?
Rookie of Cannes by Anais Berno
Le 65ème Festival de Cannes…le rêve. Les paillettes. Une pluie de stars plus légendaires les unes que les autres que je pourrai croiser et à qui je pourrai avouer tout l’amour que j’ai pour elles. Voilà l’idée que je me faisais de la croisette durant la période de fin Mai chaque année.
Blogueuse cinéma depuis plus d’un an et demi sur le même site, ayant déjà couvert les festivals de Deauville et autres joyeusetés, le rédac’ chef de l’équipe Critique-Film m’a spontanément proposé de faire ma demande d’accréditation pour Cannes. Sur le coup j’ai dit oui. Puis j’ai dit non, enfin je ne sais pas trop quoi. Après tout, ça me fait poser 12 jours de congés, les derniers qui me reste. Ça me fait partir seule, dans une ville que je ne connais pas, où il va falloir que je trouve un logement (et ne pas m’étouffer en voyant les prix des dits logements) et un moyen d’y aller pour pas trop cher. Parce que je n’ai pas le salaire de ceux qui traînent sur la croisette habituellement moi. Tout ça ça fait quand même réfléchir mine de rien. Mais pas trop longtemps non plus. Après tout, c’est peut-être ma seule chance de faire ce festival de ma vie. Des dizaines, des centaines (des milliers?) de personnes dans le monde rêveraient d’avoir une accréditation pour Cannes, je ne peux pas dire non, ce serait immoral.
J’ai donc dit oui forcément, et Ô bonne surprise, j’obtiens une accréditation presse pour le blog. J’étais déjà contente au moment de le savoir, mais je n’imaginais pas à quel point je serai encore plus contente de l’avoir une fois sur place pour m’éviter les galères ! Maintenant, place à l’organisation. Pour le coup, j’ai de la chance. Un blogueur rencontré en projo me contacte spontanément pour me dire qu’il descend à Cannes en voiture avec son co-rédac et qu’ils ont un appartement pour 4 à Cannes la Bocca à partager. Me voilà donc avec mon moyen de transport (hyper économique comparé au train) et mon logement servis sur un plateau pour pas grand chose. Me reste plus qu’à pro-fi-ter.
Enfin c’est vite dit. Parce que le festival de Cannes, c’est un peu la guerre tout de même. Dans cette ville dont je ne connaissais rien, mon premier souvenir reste la sensation de fourmilière humaine en arrivant. Le soleil tape, tout le monde se presse près du Palais, les files d’attente s’allongent pour aller récupérer les accréditations et le sac « Festival de Cannes » que l’on est tout fiers d’arborer l’air de rien, histoire de rappeler aux autres passants que nous on peut y rentrer dans le Palais et pas eux.
Première constatation aussi : il va falloir de l’organisation. Vite, me trouver des gens qui connaissent le fonctionnement du festival et peuvent m’aider à m’y retrouver en termes de couleurs d’accréditations, de moyens pour monter les marches et quoi porter pour cette occasion, etc. Heureusement, je retrouve quelques blogueurs déjà aguerris qui me donnent un emploi du temps des films du lendemain, m’indiquent où sont les salles de projections (parce que Cannes c’est grand en réalité!), et me donnent l’adresse de la villa Inrock pour boire un verre et me détendre.
Cette fois-ci Cannes peut commencer. Et quel Festival ! Durant ces quelques jours, Cannes vit pour Cannes. Le reste du monde n’existe pas. Cannes est le reste du monde. Mais peut-on vraiment se plaindre d’avoir pour seul problématique dans sa journée de savoir si on préfère voir le film star du jour en montant les marches avec l’équipe du film (mais ça veut dire qu’il faut se préparer dès 17h et louper une autre projection) ou si on préfère le voir le matin, laissant la place à un début de soirée au VIP Room le soir…Quel dilemme.
Pourtant, il faut quelques jours pour s’y habituer réellement à tout ça. Certains peuvent s’y sentir très bien dès le début. Mais tant d’argent, de monde, d’excès, de folie, de mini-jupes et de garçons oranges ayant abusés des UV, ça donne vite le tournis. On mange peu, on boit beaucoup (tout est gratuit après tout, pourquoi se priver), on voit des films (bons, moins bons, fous, marquants), on peut discuter 5 mn avec Robert de Niro entre 2 portes des hôtels de luxe, et on peut finir la soirée sur un yacht avec un concert privé du dernier groupe à la mode. Évidemment, si on décide de mener cette vie là, on dort peu, voire pas. Mais l’ensemble est si excitant, si incroyable, si entraînant, qu’il est difficile de rentrer se coucher parce qu’on veut voir le film du lendemain à 8h30 et écrire dessus ensuite. Ce qui, je le découvre malgré moi, inclus de se battre en salle de presse pour avoir un ordinateur dont on m’éjecte au bout de 3h maximum…Je finis forcément par me demander ce que je fais là. Tout cela est tellement fou ! Mais puisque j’y suis, autant en profiter.
Mais pour cela, il faut savoir être malin à Cannes ! Ça m’aura prit quelques jours, quelques déceptions, quelques refoulements à l’entrée de projections ou de soirées, avant de tout saisir et de me prendre pour une vraie cannoise (comprenez : se persuader soi-même d’être quelqu’un d’important que les vigiles doivent laisser passer). Et juste au moment où j’en profite à fond, où je débat du dernier Haneke sur la terrasse du Baron avec l’équipe de tel ou tel autre film tout en faisant nos pronostics sur la future palme, on m’annonce que demain Cannes c’est terminé. Sous la pluie en plus, encore et toujours (dire que je pensais revenir bronzée du festival, quelle idiote !). Toutes les bonnes choses ont une fin comme on dit. Le jour J je regarde la cérémonie de clôture depuis une salle annexe du palais puis je rentre faire ma valise en attendant le départ le lendemain matin.
En rentrant à Paris, je me sens étrangère, je quitte cette accréditation que j’ai eu autour du cou pendant une dizaine de jours et qui me donnait accès à tout. Je redeviens anonyme, sans privilèges, dans une ville qui semble bien triste et calme et où je dois payer mes consommations ! Je déprime, tout simplement. Restent les souvenirs presque irréels des montées des marches, des rencontres hasardeuses de dizaines de stars (coucou Nicole Kidman dans les toilettes des dames), de la découverte de films que je ne pensais jamais voir, d’une vie que je ne pensais pas mener, moi, simple provinciale montée à Paris pour le travail et blogueuse ciné sur mon temps libre.
Exténuée, je me dis que je dois rattraper 12 jours de sommeil alors que je reprends le boulot le lendemain. Dur de retrouver un bureau, loin de la plage et du traitement 4 étoiles. Malgré tout, j’ai beau être fatiguée, cela ne fait aucun doute, je veux en être l’année suivante. En plus ça tombe bien, je m’y suis fait plein d’amis à ce festival, avec qui on pourrait bien partager une petit villa et expliquer aux novices comment s’en sortir dans la jungle cannoise…
Cannes 2012 est mort, vive Cannes 2013 (et les autres) !
Notes sur l’auteur :
Après un temps passé en Irlande, je sors diplômée d’une école de commerce internationale, et réalise mon stage de fin d’étude au service presse de chez NBC Universal France.
Puis je continue ma route au sein des médias et deviens chargée de communication chez Radio Orient, la première radio communautaire de France.
Après la télévision et la radio, et en parallèle de mes activités, j’écris depuis plus d’un an sur Critique-Film.fr, le webzine qui offre un avis subjectif sur les séries télévisées et le cinéma d’hier et d’aujourd’hui. Grâce à ce blog, j’ai eu la chance de pouvoir parcourir les planches de Deauville et de monter les marches de Cannes avec ce précieux sésame qu’est l’accréditation presse, preuve (à juste titre) que les blogueurs sont de plus en plus en plus pris au sérieux par les professionnels.
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